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Afrique : les importations de concentrés continuent de diminuer

09/09/2022 - François-Xavier Branthôme - Architecture of Trade - Read in English

Argentine, Paraguay, Venezuela, Serbie, Iran, Kazakhstan, Pakistan, Inde, Philippines, Egypte, Kenya, Ghana, Nigeria, Namibie, Zimbabwe, Togo… La liste des pays qui ont projeté d’installer – ou ont effectivement installé – des usines de transformation de tomate au cours des dernières années est longue, et loin d’être exhaustive (voir nos articles connexes ci-dessous). Elle se double de celle des augmentations ou des réorganisations de capacité des sites déjà existants, et témoigne de la mise en œuvre un peu partout dans le monde de démarches industrielles de valorisation des productions agricoles locales et de la volonté des politiques de s’affranchir des dépendances alimentaires, voire d’accéder à l’autosuffisance.

L’Afrique héberge nombre de ces pays et constitue un bon indicateur de ces développements sur lesquels les activités d’exportation des grands pays leaders du secteur viennent s’éroder depuis quelques années. Estimées « a minima » à partir des statistiques douanières des douze plus grands pays transformateurs et exportateurs, les quantités mobilisées au cours des quinze derniers exercices montrent que le développement croissant régulier des ventes de concentrés aux pays d’Afrique s’est interrompu en 2013/2014 et a cédé la place à un recul tout aussi régulier qui ne s’est pas démenti depuis cette date. Les importations africaines de concentrés ont ainsi culminé aux alentours de 650 000 mT en 2014/2015 ; sur les sept dernières années, elles ont diminué de près d’un tiers, et ne se sont élevées qu’à un peu plus de 444 000 mT sur le dernier exercice.

Une quinzaine de marchés de destination drainent la majeure partie des quantités totales importées sur le continent (près de 90% en moyenne sur les cinq derniers exercices), avec de grandes disparités entre les plus importants (Nigeria, Libye, Togo, etc.) et les plus modestes (Sénégal, Tanzanie, Mauritanie, et.). Cependant, mis à part le Soudan, la Libye et l’Afrique du Sud, tous les principaux pays importateurs (Ghana, Nigeria, Togo, Cote d'Ivoire, Benin, Sierra Leone, Cameroun, Congo (DROC)) appartiennent à la région Afrique occidentale qui, en dépit du déclin marqué de ses importations, a néanmoins assumé les deux tiers des achats de l’ensemble du continent sur les dix dernières années. Les évolutions au cours des dernières années ont été extrêmement variables selon les pays considérés et, malgré quelques hausses notables et isolées (Ghana, Bénin, Afrique du Sud, Côte d’Ivoire), les baisses l’ont emporté, parmi lesquelles plusieurs se sont avérées décisives (Nigéro, Libye, Togo, Soudan, Angola, Egypte, Algérie, etc.) (voir nos informations complémentaires en fin d'article).

Le recul des achats africains a impacté pratiquement tous les pays fournisseurs de concentrés du marché africain, à l’exception notable mais peut-être momentanée de l’Espagne dont les liens privilégiés avec le Maroc et le développement récent du marché sud-africain ont porté des progressions sensibles sur les exercices 2019/2020 et 2020/2021. Dans une moindre mesure, une remarque similaire concerne le Portugal et le pic de ses ventes au Soudan en 2018/2019 ; mais pour l’ensemble aussi bien que pour les deux principales filières fournisseuses de concentrés à l’Afrique, qui y ont assuré plus de 90% des approvisionnements depuis deux décennies, les dix derniers exercices ont été synonymes de recul, de plus de 100 000 mT (-22%) pour la Chine et de près de 63 000 mT (-52%) pour l’Italie ; les produits US ont abandonné un peu plus de 28 000 mT (-82%) sur cette période (2012/2013 – 2021/2022), la Turquie environ 4 000 mT (-23%), l’Egypte un peu plus de 7 800 mT. Dans le même temps, les produits espagnols ont progressé de plus de 8 400 mT, les concentrés portugais de 3 000 mT. En définitive, sur les dix années écoulées, le marché africain s’est contracté d’un peu plus de 190 000 mT, soit un recul des importations d’environ 30%.

Quelques données complémentaires
Le bassin le plus important en termes d’importations, l’Afrique occidentale, est aussi celui dont les importations ont baissé de la façon la plus drastique ; les développements dans les autres bassins ont été plus erratiques (Afrique méditerranéenne), peu significatifs (Afrique australe) ou peu impactants (Afrique orientale).

Evolution des achats des principaux pays africains importateurs de concentrés au cours des cinq derniers exercices.

Importations africaines de concentrés de tomate, par régions et pays, en moyenne sur les cinq derniers exercices.

Sources: Trade Data Monitor

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